Emploi du temps du parcours muséologie
La boîte à musées
Musées et lieux de mémoire (trans)frontaliers en Europe
vendredi 18 septembre 2020
mercredi 16 mars 2016
Un anneau qui fait du bien à la mémoire*
Comment dépassionner un monument frontalier conflictuel
Le monument à la Victoire de Bolzano dans le Trentin Haut-Adige
en Italie fait partie de ces lieux de la mémoire des frontières à la symbolique
hautement conflictuelle.
Grand arc de triomphe de style moderniste, tourné vers
l’Autriche, il manifeste avec une forme
d’arrogance monumentale la fierté italienne de plus de quatre siècles
d’histoire sous la domination des grandes puissances européennes enfin transcendés
par la victoire de 1918. Édifié en 1928 à
la demande de Mussolini , sur les plans du grand architecte Marcello
Piacentini, décoré par de grand artistes contemporains il est placé au
centre des nouveaux quartiers de Bolzano destinés à accompagner la poussée
urbaine de la petite cité germanophone provoquée par l’incitation à
l’implantation de populations italophones. Il se substitue à un monument à la
mémoire des chasseurs impériaux morts dans le camp autrichien pendant la Grande
Guerre.
La devise gravée sur son fronton, qui proclame qu’il marque la frontière point à
partir duquel la Patrie a éduqué autrui dans la langue, les lois et les
arts, exalte les valeurs de force et de domination du fascisme. Le monument incarne également l’italianité
imposée en 1919 au Tyrol du Sud, germanophone.
Ce témoin encombrant est un lieu de tensions entre les deux communautés
linguistiques l’une réclamant sa démolition, l’autre le considérant comme sacré.
Il est ainsi laissé à l’abandon pendant des décennies.
C’est en 2014 que le ministère italien de la Culture et les
autorités locales décident de "dépolitiser" ce symbole de discorde.
La construction de marbre blanc est rénovée et sa crypte réouverte au public est
dotée d’un remarquable centre d’interprétation. Se plaçant dans une problématique résolument
européenne un comité composés d’historiens
italiens mais également autrichiens a initié une muséographie qui présente l’histoire
du Trentin de l'Italie libérale au fascisme, l'édification du monument, l'opposition locale au régime, l'occupation allemande de 1943 et la résistance pour s'achever en 1946 sur la reconnaissance des droits de la minorité germanophone.
L’entrée de l’exposition est signalée par un grand écran annulaire fixé sur l’un
des piliers de l’arc. Cette « bague » lumineuse qui s'impose de
manière volontariste à la lecture du
monument n’est pas du goût de tout le monde prouvant, s’il en était besoin, que l’initiative
va dans la bonne direction mais que le chemin est encore long.
BB.
*Expression du Corriere delle Sera
mercredi 9 mars 2016
Entre ouverture et fermeture ?
L’exposition Frontières
du musée national de l’histoire de l’immigration à Paris interroge les réalités
humaines souvent dures sous tendues par le
contrôle et le militarisation des limites dans notre difficile contexte
contemporain.
Après une pédagogique et classique évocation historique
du rapport aux limites édifiées par l’homme pour marquer son territoire et se protéger de l’étranger, du barbare, de l'autre, contrôler
les échanges… le visiteur muni de cet ancrage dans la longue durée est interpelé quant à ses propres idéaux ou
contradictions. Alors que l'Europe s'est fondée sur l'utopie de la libre circulation dans une vaste zone d'échange d'autres États, même en son sein, édifient des barrières d'exclusion. Cartes, panneaux d'avertissements, uniformes, vue des limites paraissent alors autant nécessaires que dérisoires face à la réalité complexe de la frontière et plus encore l'actualité humaine terrible des migrations en méditerranée. Le visiteur est questionné par la brutalité de ses schémas trop simples, de l'hésitation de ses choix de société acteurs de la tragédie humaine.
B.B.
lundi 18 janvier 2016
Gustave Courbet : Entre France et Suisse
Au cœur de la Franche-Comté, à
Ornans, se situe un musée dédié à Gustave Courbet (Ornans 1819 – Tour-de-Peilz
1877).
Remarqué lors d'un Salon en 1849
où il expose quelques unes de ses œuvres dont Une
après-midi à Ornans, Courbet se fait une place dans le monde de
l'art. Pionnier du courant réaliste, il puise son inspiration dans les
paysages, mais aussi les scènes de la vie domestique que lui procurent Ornans
et ses alentours. Ainsi par le biais de ses œuvres, exposées ici et là en
France, sa petite ville natale connaît une renommée nationale.
Malgré son attachement à sa
région, Courbet se voit cependant contraint de la quitter. Fervent défenseur de
ses opinions politiques, ces dernières le mènent à sa déroute lors de la
Commune de Paris. En 1871, accusé à tort d'avoir détruit la Colonne Vendôme, le
peintre est emprisonné et condamné à en payer la reconstruction. Après la
saisie de ses biens par le gouvernement, il s'exile en 1873 à la Tour-de-Peilz,
en Suisse, où il restera jusqu'à la fin de sa vie.
De par sa muséographie, le musée
Courbet met en lumière les œuvres du peintre et retrace avec fidélité la vie de
l'artiste sans taire sa période d'exil – expérience frontalière qui aura un
impact sur sa peinture. Ses tableaux, imprégnés d'un fort ancrage régional,
font la fierté du patrimoine franc-comtois.
Lonie Baverel
dimanche 17 janvier 2016
Musée des trois pays : un musée intégralement bilingue ?
Vous souhaitez visiter un musée en
Allemagne mais vous avez peur de vous heurter à la barrière de la langue ?
Ou encore de ne pouvoir visiter et comprendre qu’une partie de l’exposition car
tous les textes : cartels, textes d’expositions ne sont pas
systématiquement traduits ?
Pas de panique, la solution existe, et elle
se trouve au sein du musée des trois pays : « drei Länder museum »
se situant à Lörrach. Ce qui rend ce musée particulier et surtout
bilingue : allemand et français, ce sont ses collections et sa
localisation géographique, car le musée se trouve dans la région de Lörrach qui
se situe au cœur des trois pays. En effet, du fait de cette proximité, les
objets s’y trouvant et qui y sont présentés proviennent de France mais
également d’Allemagne et de Suisse. Et ils ont pour objectif de retracer
l’histoire de la région entre le Brisgau et le lac de Constance, soit
l’histoire de la région du Rhin supérieur.
Le visiteur qu’elle qu’il soit
« francophone » ou « germanophone » est mis à l’aise grâce
aux cartels qui sont traduits, dans les deux langues et grâce aux objets
exposés. Il peut donc aisément circuler au sein du musée et comprendre le
message que véhiculent les objets.
Le seul point négatif, c’est qu’il n’existe
pas aujourd‘hui de visites guidées en langue française, elles sont uniquement
en langue allemande. Cela signifie que seul les « germanophones »
peuvent avoir accès à la prestation « visite guidée », un problème se
pose donc au visiteur « francophone » qui souhaiterait visiter le
musée accompagné d’un guide conférencier. Par conséquent, il est dans
l’impossibilité de le faire et donc d’approfondir sa visite en posant des
questions.
Natasa Kolarevic
vendredi 15 janvier 2016
Un exemple unique de musée transnational en Europe
Musée des trois pays, Lörrach (D)
Idéalement situé à proximité des frontières
suisse et française, le Musée des trois pays : « drei Länder Museum »
de Lörrach (Allemagne) est l’exemple même d’un musée transnational qui
fonctionne. Présentant des collections muséales très diverses provenant des
trois pays frontaliers : à savoir l’Allemagne, la France et la Suisse, le
musée devient immanquable, si on veut en savoir plus sur l’histoire culturelle
de la région.
Le musée des trois pays se distingue des
musées nationaux « classiques » car il traite de l’histoire de trois
nations politiquement bien différentes mais en même temps très semblables sur
le plan culturel, et c’est en cela que réside son originalité. Le musée essaye
à travers les objets présentés et la muséographie de relater les diversités
culturelles qui existent entre les trois nations mais également les points
communs qui les relient et qui en font une région particulière. C’est dans ces
conditions que le visiteur de la région peut retracer l’évolution qu’a subi son
territoire et les grands événements du passé qui s’y sont déroulés.
Il découvre ainsi de quelle manière cet
espace naturel, a été compartimenté au fil du temps par l’émergence des trois
nations. Il peut ainsi voir à travers l’exposition permanente la transformation
qu’a notamment amenée la première guerre mondiale et l’instauration des
frontières sur la région, dans plusieurs domaines comme l’économie, la
politique ou la langue.
Et pour se plonger dans l’ambiance
originale du musée, le visiteur est invité à « ouvrir ses sens »
puisqu’il est appelé à participer, par le toucher, ou encore l’ouïe. Il lui est
permis de manipuler, expérimenter, se déguiser. L’objectif étant que sa visite
soit à la fois instructive mais également divertissante. Par la multitude et la
provenance des objets présentés, le musée des trois pays aborde l’histoire
commune et les évènements marquants subis par l’Allemagne, la France et la
Suisse afin de croiser le point de vue de chaque protagoniste dans la
perspective très moderne d’une Europe multiculturelle.
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